lundi 18 avril 2016

Adolescence : la fabrique des héros

Comment apprendre à penser par soi-même ? C’est de cette question que découle le projet de Wajdi Mouawad « Avoir 20 ans en 2015 ». Il lui-même illustré, du 8 mars au 2 avril, au théâtre de Namur, par l’exposition libre « Adolescence : la fabrique des héros », que nous pouvons également retrouver à Mons.


Le projet de W. Mouawad est né alors que l’artiste se demandait comment rendre la pareille à tous ceux qui lui avaient permis de murir en tant qu’adolescent. Il s’est dit que le seul moyen était de l’apprendre à d’autres. De là, en deux-mille-onze, il a sélectionné cinquante jeunes de quinze ans, dont vingt Belges, à qui il a proposé diverses activités, artistiques notamment, durant les vacances d’été pendant cinq ans. Leur base : une réplique tirée d’Incendies, une pièce de Mouawad : « Écoute ce qu’une vielle femme qui va mourir a à te dire : apprends à lire, apprends à écrire, apprends à compter, apprends à parler. Apprends. »  Chaque année a représenté l’un de ces aspects, cinq actes, en quelque sorte, dont le dernier est : apprends à penser.

Parallèlement, Ils ont été régulièrement et individuellement interviewés par une doctorante de l’UCL : Chloé Colpé, qui a tenté, en tant que chercheuse en sciences sociales, de comprendre l’influence d’une telle expérience dans la vie de ces jeunes gens en pleine construction. Chaque année revenaient les cinq mêmes questions, choisies par Mouawad : « Qu’est-ce qui t’inquiète ? », « Qu’est-ce qui te fait lever le matin ? et qu’est-ce qui ferait que tu ne puisses pas te lever ? »,  « En quoi ou à quoi tu crois ? » et « Quel est ton plus grand rêve ? ». Pour certains, les réponses n’ont que rarement changé alors que pour d’autres, elles ont évolué avec eux et leur état d’esprit. Ce projet leur a inculqué une notion de « croire en soi ». Un jeune homme à la réflexion très poussée a notamment dit qu’il était lui-même son meilleur ami, le plus apte à croire en lui. L’ensemble de ces réponses sont souvent bien personnelles et les individus se sont mis à nu pour nous faire part de leur évolution la plus profonde.



Mouawad explique que vingt ans, c’est l’âge du héros (notamment dans la mythologie grecque qu’il connaît bien) mais qu’aujourd’hui, nous disons à nos héros qu’ils sont trop jeunes, qu’ils ne devraient pas avoir d’enfant avant trente-cinq ans, qu’ils ne savent pas réellement ce qu’ils veulent,… On pense à leur place ou on attend d’eux certaines choses bien particulières mais ne savons pas ce qu’eux-mêmes en pensent. Il raconte avec virulence que tu es né et que personne n’est né à ta place, que tu mourras et que personne ne mourra à ta place. Ce qui se trouve entre les deux t’appartient par conséquent.

Selon lui, l’adolescence, c’est fabriquer ses armes. C’est voyager en questionnant le monde et en se questionnant soi-même. Selon lui, l’adolescence, c’est un sentiment. C’est partir en guerre contre le monde afin d’y trouver sa place. C’est se louper et s’aimer à travers beaucoup d’expériences insignifiantes aux yeux des autres. C’est suspendre le temps entre la nostalgie, la projection et l’instant présent. Selon lui, l’adolescence, c’est un débat permanent. C’est faire des études, mais sérieuses ; trouver un travail, mais avec un bon salaire ; construire une famille, mais ni trop tôt, ni trop tard ; tout cela en restant épanoui. Comme le dit C. Colpé, « Il faut au moins être un héros pour affronter ces injonctions contradictoires. ». Selon lui, l’adolescence, c’est se débrouiller avec la vie. C’est apprendre à affronter ses peurs, à reconnaître celles des autres, celles qui paralysent et réduisent le futur possible.



En conclusion, le mixage de deux projets d’une durée de cinq ans, autour d’une cinquantaine d’adolescents emballés par le personnage et le talent de Wajdi Mouawad, leur ont appris, à travers le théâtre, à penser et réfléchir par eux-mêmes et auront des conséquences qui dureront jusqu’au bout de leur vie d’adulte qui commence.

Chloé Englebert, 6G



Muse & Drones

Que vous inspirent ces titres de chansons : Resistance, Knights of Cydonia, Madness, Supermassive Black Hole, Follow Me,… et bien d’autres encore? Les grands connaisseurs et fans de la première heure ne s’y seront pas trompé, ce sont bien les titres de certains des énormes succès du groupe de rock britannique Muse. Chansons qu’une poignée de privilégiés ont eu l’opportunité de découvrir sur scène à l’occasion de la tournée mondiale du groupe qui avait posé ces bagages au Palais 12 de Bruxelles le temps de quatre shows magistraux de Muse, The Drones World Tour.

Débutée le 29 mais 2015, la tournée faisant la promotion du septième album de Muse, Drones, est un énorme succès. Composée de nonante-six dates à travers le monde, elle devrait prendre fin le 19 août 2016 aux Pays-Bas. Ses plus grandes particularités étant l’imposante scène tournant à trois cent soixante degrés au milieu des salles de spectacle, permettant une relation particulière avec le public qui se trouve tout autour, et la présence de dizaines de drones (en référence au nom de l’album) se déplaçant dans les airs. Grâce à cette tournée grandiose à tout point de vue, Muse continue de faire des ravages partout où il passe. Sur scène, on retrouve le trio Matthew Bellamy (chant, guitare, piano, synthétiseur), Dominic Howard (batterie, percussions) et Christopher Wolstenholme (basse, chœurs, synthétiseur, guitare, harmonica), tous trois membres originaux depuis la création de Muse en 1994 ; ainsi que Morgan Nicholls (clavier, chœurs, synthétiseur) qui les accompagne sur la plupart de leurs tournées.

Muse avait tout d’abord annoncé une seule date de concert au Palais 12 de Bruxelles, le 12 mars 2016. Mais suite à l’engouement général et à la disparition quasi-immédiate de toutes les places dès leur mise en vente à la mi-septembre, on est très vite passé de un à trois concerts et finalement un quatrième. The Drones World Tour a donc été joué les 12, 13, 15 et 16 mars 2016 devant une salle comble. Plus de septante mille personnes ont assisté à ce show indescriptible proposé par Muse. Car oui, le Drones World Tour c’est de la musique mais pas que : c’est un véritable spectacle audiovisuel digne des plus grands films de science-fiction, une véritable apocalypse futuriste sons et lumière, une expérience presque magique ; tout a été méticuleusement pensé pour que les spectateurs en délire passent deux heures la bouche grande ouverte, le cœur battant et les oreilles vibrantes de ce que Muse sait faire de mieux : de la musique, de la vraie.

Bruxelles, Palais 12, le mercredi 16 mars 2016, il est dix-neuf heures. Sur le parking, familles ou groupes d’amis sortent de leur voiture et se dirigent fébrilement vers l’entrée du Palais. Après avoir calmement patienté plusieurs minutes et marché le long des immenses bâtiments de Brussels Expo, la foule arrive enfin devant l’entrée principale. Ils entrent et sont happés par les centaines de personnes qui discutent, mangent et boivent dans le hall. Les petits groupes se faufilent parmi eux et essaient tant bien que mal de trouver la porte correspondant à leur billet. Une fois cette étape franchie avec succès, ils se dirigent vers leur place (dans la fosse ou dans les gradins) et s’installent finalement. En face d’eux, impossible de manquer la scène circulaire en plein milieu de la salle. Chacun se sent proche de cette scène où qu’il soit, cela promet un certain contact avec le groupe, quelle chance ! Les sièges commencent à se remplir doucement, il est bientôt vingt heures et la première partie est sur le point de commencer. Le groupe annoncé à la base n’est pas celui que les spectateurs ont applaudi ce jour-là. A leur place, un groupe belge néerlandophone, The Van Jets, introduit le show de Muse. Ils sont cinq, plus ou moins âgés et leur énergie est communicative. De cette petite demi-heure, le public retiendra des chansons rock et dynamiques telles que Welcome to strange paradise ou Down Below. Le groupe se retire et les techniciens se pressent pour retirer le matériel et installer celui des « stars » de la soirée. La tension devient palpable au Palais 12, le public sent l’excitation monter peu à peu. Il leur faudra pourtant attendre une demi-heure et quelques holàs générales avant le début de l’expérience.

La salle s’obscurcit alors et le silence tombe sur les milliers de personnes présentes. Un son monte alors peu à peu en puissance, les projecteurs se tournent vers le centre de la scène : Muse joue le premier morceau d’une longue série, Drones. L’instant est indescriptible : six énormes drones circulaires volent au-dessus de la scène et l’illuminent d’une lumière spectrale. Le public ne peut s’empêcher d’en rester bouche-bée. Apparaissent alors, sous une salve d’applaudissements nourris, les membres de Muse. On les sent habités par leur musique et ils arrivent à partager leurs émotions et à subjuguer l’attention du public. Le son incroyable des plus grands succès de Muse résonne dans les oreilles et les poitrines des fans qui n’hésitent pas à chanter en chœur. Mais leurs yeux ne sont pourtant pas en reste, le spectacle est grandiose : sur de gigantesques panneaux des tableaux majestueux sont projetés (des images de guerre à des mains géantes semblant contrôler les artistes ou une impression qu’ils sont tout simplement en train de prendre feu), des prouesses de technologie sont déployées durant deux heures pour faire vivre aux spectateurs un moment mémorable et quasi-indescriptible. Par moments, tout artifice superficiel est absent, ne laissant que trois artistes seuls sur la scène dépouillée et qui, parfois au simple son du piano, régalent les milliers de personnes venues les écouter ce soir-là. Mais ce n’est pas calme bien longtemps au Palais 12… Muse repart toujours de plus belle et enchaine les titres cultes provenant de six de ses derniers albums (Time is running out, Resistance, Starlight, Map of Problematique…) et des titres du nouvel album Drones, succès planétaire (Psycho, The Handler, Dead Inside…). Les six drones circulaires font également partie de la fête, progressant tels des spectres au-dessus des têtes du public. Un énorme drone volant en forme d’avion (énorme, vraiment) fait également le tour de la salle avant que des tonnes de confettis ne s’abattent sur elle. C’est magique.

Mais tout bon moment a malheureusement une fin. Après avoir joué Knights of Cydonia une dernière fois, Muse quitte cette étonnante scène tournante du Palais 12, non sans avoir remercié son public. Les applaudissements fusent et peu à peu la foule libère les lieux, des étoiles pleins les yeux et les oreilles. Une chose est certaine : ce n’est pas de si tôt que ces gens oublieront cette soirée mémorable placée sous le signe de la performance mais surtout, de la musique.

Léa Saussez, 6C


Quand la musique et le théâtre ne font plus qu’un

Le Singspiel Die Zauberflöte est de retour. Il a fait sa répétition générale à l’Opéra Royal de Wallonie-Liège ce mercredi 16 décembre 2015. Mais qu’est-ce ? Qu’est-ce que ça pourrait bien raconter ? Comment est-ce réadapté trois siècles après sa création ? Ce sont les questions que se pose tout nouveau spectateur.

Tout d’abord, Die Zauberflöte ou La Flûte Enchantée en français, est un singspiel en deux actes dont W. A. MOZART a composé la musique en 1791 ; ce qui signifie qu’il était destiné à un théâtre d’amateurs qui chantaient relativement bien. Elle est aujourd’hui chantée par les plus belles voix qui se mettent en scène et porte donc le nom d’Opéra. Celui-ci est particulièrement réputé pour la minute pendant laquelle sont chantées par la Reine de la Nuit des notes certes mondialement connues mais presque impossible à atteindre.


La pièce raconte les aventures d’un jeune prince, Tamino (A. ZORGI GIUSTINIANI), qui doit surmonter plusieurs épreuves afin de pouvoir délivrer la princesse Pamina (A-C. GILLET). Il est accompagné d’un oiseleur, Papageno (M. CASSI), et de trois jeunes garçons envoyés par les Dames de la Reine de la Nuit (B. UYAR) pour l’aider à retrouver sa fille, enlevée par Sarastro (G. BURATTO) et sous la garde du traitre Monostatos (K. ADAM).

La mise en scène est des plus modernes. Des acrobates et des danseurs se succèdent aux côtés des acteurs et chanteurs. Ce qui correspond en tout à l’univers original de nos deux metteurs en scène C. ROUSSAT et J. LUBEK. Ce sont eux aussi, accompagnés d’E. MONET, qui ont réalisé l’entièreté des décors. Ils sont d’une telle richesse : les personnages se détachent d’un décor dans lequel ils étaient figés ou encore sortent d’une page d’un livre où l’on ne distingue aucune ouverture. Tout cela est assez impressionnant.


La musique est sous la direction du célèbre P. ARRIVABENI, présent depuis deux-mille-huit à ce poste au sein de l’Opéra Royal de Wallonie-Liège. Il dirige dix-sept instruments en dehors des cordes dont le nombre varie. Selon mon estimation, il devrait donc y avoir une trentaine d’instruments dans cet orchestre.


Il est toutefois assez difficile d’être attentif à la fois à la musique qui s’élève de la fosse où sont installés les musiciens, à la scène où se déroule l’action et aux sous-titres qui sont affichés bien plus haut. En effet, la pièce est jouée dans sa langue d’origine, en allemand. Elle mériterait donc que l’on s’y attarde une seconde fois afin de percevoir davantage sa beauté plutôt que de tenter, comme lors d’une première fois, de vouloir tout voir et tout entendre.

La répétition générale a eu lieu ce 16 décembre 2015 à l’Opéra Royal de Wallonie à Liège. Ce mois-ci, la troupe se produira encore le 18, 20, 22, 27, 29 et 31 décembre. Le mois prochain, en janvier, nous les retrouverons le 2 et le 5. Ils se produiront également le 9 janvier au Palais des Beaux-Arts à Charleroi.


Il est, en conclusion, intéressant de porter un regard neuf sur l’œuvre de MOZART, adaptée par nos contemporains et pourtant inchangée dans son texte et sa musique.

Chloé Englebert, 6G

lundi 11 avril 2016

Big Bang

Pourquoi ? Pourquoi moi ? Pourquoi nous ? Tels étaient les premiers mots de Big Bang ou de l’histoire d’un professeur de philo face à sa classe : une pièce à la fois drôle et humaine qui a le mérite de nous faire découvrir la philosophie différemment.


Cette pièce, nous la devons à Philippe Avron. L’auteur nous transmet les souvenirs de son professeur de philosophie qui a marqué son adolescence et son passage à l’âge adulte. L’enseignant et ses élèves emblématiques sont ici joués par Bruno Coppens, comédien et humoriste, véritable amoureux de la langue française. Devenu acteur à part entière, Coppens s’approprie le texte d’Avron tout naturellement.


L’histoire débute dans une classe de dernière année. Le professeur, qui se retrouve devant ces têtes à remplir, n’a pas de nom. Il est pour le moins original et a une méthode d’apprentissage qui lui est propre. D’abord, il ne nomme pas ses élèves, il les surnomme. Dans la classe on retrouvera alors tête de silex, yo, analphabète, petit trou noir, Carbonne quatorze ou encore Juda. Seule Martine, unique fille du groupe, aura le droit de garder son prénom. Ensuite, en classe, viendront Nietzsche, Montaigne, Kant et même Shakespeare. Mais encore une fois, pourquoi dire le nom si on peut les mimer ? Au  milieu d’une phrase, le professeur se tait pour effectuer une série de gestes représentant tantôt Kant, tantôt Nietzsche. Enfin, il transmet son savoir et le partage avec ses élèves. Ceux-ci aimeraient bien le comprendre mais c’est peine perdue. Pourtant, ils l’adorent quand même ce cours et surtout cet enseignant hors norme, rempli d’humanité de et de tendresse.

Durant la pièce, un lien se créé, celui complice entre la classe et  son prof. Le professeur, c‘est l’acteur seul sur scène. Et la classe c’est nous, spectateurs riant aux éclats depuis le début. Le but est de réveiller en nous des souvenirs anciens pour les plus âgés ou le quotidien pour ceux encore scolarisés. Cette mise en scène a été pensée par Eric de Staercke. Il voit cette pièce comme un hommage à Philippe Avron, auteur de la pièce, qui est décédé en deux-mille dix. Il a décidé de lui redonner vie grâce à Bruno Coppens qu’il décrit comme un « poète jongleur de mots » et qui correspond bien à Avron. Après tout, auteur et comédien sont tous les deux animés par des passions communes : les mots et la poésie.


Enfin, la pièce se base sur le rire. Du début à la fin, le spectateur rit, parfois aux éclats parfois en coin. Bruno Coppens s’engage dans son rôle et le fait avec le talent qu’on lui connaît. Il joue avec les mots mais aussi avec son corps. Il aurait très bien pu être lui-même ce professeur si déjanté et pourtant si doux. Le rire apparait ici presque comme une thérapie qui rend l’ambiance dans la salle si chaleureuse et vivante.

Nous remercions donc Philippe Avron pour avoir écrit cette pièce délicate et insolite, interprétée avec habilité par Bruno Coppens. Elle sera jouée du douze janvier au six février au théâtre Le Public.

Géraldine Staumont, 6G

Renc’Art

Etonnement. Surprise. Ce sont les premiers mots qui nous viennent à l’esprit lors de la visite de cette exposition quelque peu décalée. Il y a peu de monde. Ce n’est pas étonnant : cette exposition est méconnue. Et pour cause, les auteurs de celle-ci sont souvent les rejetés de la société, la honte d’une famille ou bien encore considérés comme des sous-hommes.

Ce mercredi 21 octobre, en arrivant au SPW de la gare de Namur, beaucoup de questions nous taraudent. Qu’allons-nous trouver de culturel dans un bâtiment administratif ? Ce n’est qu’une fois montés dans la galerie principale que nous découvrons plus de six cents œuvres d’art d’auteurs multiples. Ce rassemblement d’œuvres d’art est unique en région namuroise. En effet, ce sont toutes des œuvres réalisées par des personnes souffrant de troubles mentaux. Nous y voyons des tableaux mais également des sculptures, des lampes et divers meubles réutilisés.

Cette expo existe depuis 2003 et, fait étonnant, elle est peu connue. C’est une petite association jamboise qui l’organise. Elle est en lien avec toutes les associations namuroises qui ont un rôle dans l’accueil, l’aide et l’accompagnement de personnes émergents de la santé mentale. Son président est Aimé Kabergs. Il est moins connu du grand public que sa vice-présidente, Poupée Borreman, qui est une femme de terrain. C’est elle qui accueille l’ensemble des visiteurs, avec l’aide de deux artistes qui exposent dans la galerie.

Tout au long de celle-ci, nous pouvons admirer des œuvres très colorées et chaleureuses mais, d’autres sont sombres, violentes, vides d’émotions. Chaque toile, chaque objet nous raconte une histoire, celle de son auteur. Cela en est d’autant plus frappant que tous les auteurs sont atteints par des maladies diverses, dans lesquelles, la notion de réalité est le plus souvent troublée. Et celui-ci s’affiche sur les toiles. On parle ici d’art-thérapie, qui permet entre autre l’expression des émotions intérieures afin de tenter de soigner, mais plus encore de soulager ces incompris de la société, souvent très fragiles. Tout au long de l’exposition, chaque institution namuroise s’occupant de la maladie mentale, dispose d’un stand afin que certains de leurs usagers, qui participent à la réalisation des toiles, soient présents pour montrer leurs œuvres au grand public.

Toutes ces œuvres, ils sont là pour nous les expliquer, nous les montrer sous un œil différent, celui d’un homme ou d’une femme atteint par la maladie mentale. Bien souvent, nous ne comprenons pas l’ensemble de leur discours. Mais cela n’est pas le plus important. Le bonheur et la joie se lisent dans leurs yeux car ils sont contents de pouvoir partager leurs réalisations, leurs créations, même si ce sont des rencontres uniques. Nous pouvons acheter les œuvres qui sont exposées. Cet argent permet aux artistes de pouvoir essayer de relancer leur vie, tout en égayant la nôtre avec des œuvres d’art d’un style et d’un genre décalé.

Cette exposition culturelle nous montre que l’art n’est pas nécessairement dans les grands musées ayant pignons sur rue mais qu’il peut aussi se trouver dans des lieux insolites tels que celui-ci.

A la fin de notre visite, nous ressortons remplis de questions. C’est justement là qu’est le but d’un évènement de ce type. Nous cultiver mais également nous questionner, car la culture, si celle-ci est réellement qualifiée de culture, nous questionne. Elle bouleverse toutes nos certitudes, toutes les règles établies par la société et bouscule les préjugés.


Renc’Art avec son style décalé, nous séduira forcément si l’on recherche des évènements culturels moins populaires mais tout aussi riche qu’une exposition temporaire au Tate Modern de Londres.

Clément Léonard, 6G

Le Tout Nouveau Testament

La bible. En lisant le résumé de ce film d’un genre particulier, il s’agit du premier mot qui vient à l’esprit. Pourtant, Le Tout Nouveau Testament, film belgo-luxembourgeois de Jaco Van Dormael ne parle pas que de la bible, mais de sujets d’actualité beaucoup plus importants.

Ea, fille de Dieu, sœur de Jésus, alias JC, est en conflit avec son papa. Après être restée dix ans dans son appartement sans porte d’entrée, ni de sortie, elle décide de se rebeller et va dans le bureau de son père. Malheureusement, sa mère, soumise et muette, ne l’aide pas à se défendre lorsque Dieu l’apprend. C’est pourquoi elle doit demander à JC, son frère, de lui indiquer la sortie. Ea a aussi une autre idée : faire quelque chose de très grave, qui empêchera son père, un dieu pas comme les autres, de rendre la vie des gens infernale. Pour cela, elle va envoyer la date de décès de chaque personne sur Terre par SMS et bloquer l’ordinateur de son père, pour l’empêcher de manipuler les mortels. En descendant, elle décide, sur les conseils de son frère, d’écrire Le Tout Nouveau Testament, comme son frère avec les évangiles et choisit six personnes. Avec les douze apôtres de son frère, ils formeront dix-huit personnes, une équipe de hockey sur glace, sport préférée de la femme de Dieu, qui ne se révèlera pas aussi docile qu’en apparence. En descendant sur Terre, une folle aventure commence, où elle est suivie par son père, Dieu, qui quitte le paradis, peut-être pour toujours...

Film sorti dans les salles obscures ce 1er septembre 2015, cette œuvre cinématographique avec un casting de choc, comprenant des acteurs belges, mais également français de très grande renommée tels que Benoit Poelvoorde, François Damiens, Yolande Moreau et Catherine Deneuve, nous présente une qualité de jeu et de scénario assez rare de par sa modernité et grâce à un second degré très implicite. Nominé aux Oscar dans la catégorie de la Quinzaine des Réalisateurs comme long métrage, cela nous montre, encore une fois, la qualité de ce film. Cette série d’acteurs nous montre une qualité de jeu à l’écran très belle. Catherine Deneuve, en épouse effacée rencontrant un gorille pour remplacer son mari toujours absent et Benoit Poelvoorde, un dieu buveur de bière, agressif avec sa femme et sa fille, font passer des sentiments et des émotions comparables à celles que peuvent ressentir les fidèles lors de la messe dominicale. Les émotions vocales ne sont rien sans le jeu des figurants, qui, une fois n’est pas coutume, sont également de la partie.

Abordant un sujet sensible en Europe occidentale, le thème de la Bible, et plus implicitement la religion catholique, cette projection nous prouve avec brio et pamoison que Le Tout Nouveau Testament n’est pas simplement un film voulant faire polémique, mais est bien une œuvre qui restera dans l’histoire comme étant un « essai de suite » pour l’ouvrage le plus lu au monde. Ce film, avec comme personnage principal la prétendue sœur de Jésus, nous plonge au cœur de la vie de six personnes, toutes différentes, et qui ont toutes quelque chose à raconter. Le Tout Nouveau Testament est un film d’humour pour passer un bon moment mais, par la même occasion, nous fait réfléchir sur des sujets variés comme la violence conjugale, la place de la mort dans notre vie et la capacité émotive de nos amis.

Même si la bible est un livre écrit il y a deux milles ans, encore aujourd’hui, l’on se réfère toujours à cet ouvrage pour répondre à des questions fondamentales que l’on peut se poser. Ce film nous montre que la bible est sujette à réflexion et à interprétation, tout comme tous les textes religieux aujourd’hui, même si de plus en plus de fidèles, de toutes religions confondues, n’ont pas accepté le fait que plusieurs lectures puissent être faites. Cette suite nous montre une autre interprétation de la bible et la complète, de façon harmonieuse, mais son un angle neuf et du 21e siècle. Elle nous fait réfléchir à un ouvrage  connu de tous et, surtout, fait naitre en nous une attention toute particulière sur l’importance culturelle et éducative de la religion catholique sur tous les habitants de l’Europe occidentale, même si ceux-ci le renient.

Dépoussiérer un ouvrage de plus en plus délaissé, Jaco Van Dormael l’a réussi à la perfection et nous permet de méditer sur notre éducation et notre vie culturelle actuelle, tout en restant un film plaisant à regarder.

Clément Léonard, 6G

Entrez dans le rêve !

Venez, venez, entrez dans le rêve de Géraldine Gonzalez ! C'est à Namur et plus précisément dans la galerie du Beffroi que l'artiste a choisi d'exposer quelques-unes de ses créations. L'exposition s'est ouverte le 21 novembre 2015 et se terminera le 17 janvier 2016. Mais qui est Géraldine Gonzalez ? Où trouve-t-elle son inspiration ? Quels matériaux utilise-t-elle ? Tant de choses à découvrir sur cette exposition...

Diplômée de l'Ecole Supérieure d'Arts Appliqués Duperré de Paris, G. Gonzalez, Française, a d'abord été styliste de chaussures avant de se tourner vers la sculpture. Aujourd'hui, avec ses créations, elle décore des vitrines et des intérieurs de maisons un peu partout dans le monde (Paris, Londres, New-York,...).

« Entrez dans le rêve » est une exposition à la fois surréaliste, onirique, baroque, bref étrange ! Toutes les oeuvres attirent le regard par leur aspect insolite, tantôt féerique, tantôt inquiétant. En effet, imaginez des souris ailées, parfois rouges, qui jouent dans les arbres avec des oiseaux , cela sort complètement de l'ordinaire, surtout quand certains oiseaux portent des cornes de cervidés ou une magnifique couronne et que les fleures sont noires. Et ceci n'est qu'une toute petite description de ce que nous pouvons trouver en ce moment dans la galerie du Beffroi. Dans ce monde, le réel est vraiment sublimé ! Toutes ses créations sont imprégnées de poésie, de tendresse et de mystère. Cela éveille notre curiosité et notre imagination. Tout ce qui concerne notre quotidien a l'air de fortement l'inspirer. Seulement, elle fait en sorte que cela s'échappe de la réalité, qu'on entre dans un autre monde, dans un rêve...

Et que dire de la seconde salle, enfin plutôt des méduses qui l'occupent. Elles ont quitté leur endroit naturel pour flotter dans les airs, même si la première impression que nous avons en rentrant dans cette pièce est que nous avons plongé cinquante mètres en dessous du niveau de la mer. Elles déroulent vers le sol des dizaines de filaments blancs et transparents qui semblent sans fin. De tailles différentes, elles s'illuminent de temps en temps mais pas toutes en même temps et cela donne un effet lumineux mais sombre à la fois. Ici, rien n'est figé, même pas le silence. En effet, G Gonzalez a créé une bande son atypique, passée dans cette seconde salle. Qu'entendons-nous ? Là est la question ! Une fois de plus, notre imagination est sollicitée par ces bruits, ces sons. Tout frémit au moindre souffle et semble pouvoir se casser au moindre geste brusque.

Avec le cristal, le verre pilé et le papier cristal, mais aussi les perles et la nacre, G. Gonzalez a trouvé les matériaux qui lui permettent de transformer notre monde en monde merveilleux. Nous voyons tout de suite que ce sont les matériaux qui transforment les objets que nous connaissons. Le papier cristal donne la transparence et la légèreté, tandis que le cristal, les perles et la nacre font scintiller le tout. Tout est minutieusement travaillé et l'éclairage, inséré dans ses créations, donne un jeu de lumière qui varie selon l'objet. Son univers est unique et cela est dû à comment et avec quoi elle sculpte.


Le travail de G. Gonzalez est remarquable. Peu de personnes resteraient indifférentes face à ce genre de créations. Pas étonnant d'ailleurs que des marques prestigieuses fassent appel à elle pour magnifier leurs vitrines. La ville de Namur a eu beaucoup de chance d'avoir été choisie. Namur pourrait-elle privilégier ce genre d'expositions et devenir le lieu de rencontres de nombreux artistes, la ville belge de l'art ?

Caroline Watillon, 6G

Folklore unique : le combat des échasseurs de Namur !

Folklore unique au monde, les échasseurs de Namur combattent maintenant depuis plus de six cents ans. Ce dimanche 20 septembre 2015, dans le courant de l'après-midi, a eu lieu le célèbre combat de l'échasse d'or, lors des fêtes de Wallonie . D'où viennent ces échasseurs ? Comment se déroule cet événement ? Quel succès a-t-il ?

Il y a tellement à découvrir sur cette tradition de Namur, événement important de son folklore.

Les échasseurs de Namur, existant depuis la fin du Moyen Age, sont uniques. Ce sont les seuls jouteurs sur échasses dans le monde. Auparavant nécessaires pour se déplacer lors d'inondations, ces échasses ont, depuis très longtemps, une grande place dans le folklore de Namur.

Depuis quarante-neuf ans, les échasseurs de Namur s'affrontent lors du combat de l'échasse d'or avec, comme seules armes, le corps et deux échasses pour chacun. C'est en effet seulement à coups d'épaules, de coudes ou échasse contre échasse qu'ils se font tomber. Défiant les règles de l'équilibre, les combattants se relèvent souvent alors qu'ils sont sur le point d'être à terre. Cette joute, qui a lieu sur la place Saint-Aubain, au coeur de Namur, oppose deux équipes représentant anciennement deux quartiers de Namur : les Mélans, (aux échasses jaunes et noires) et les Avresses, (aux échasses rouges et blanches ). Le combat, toujours accompagné de roulements de tambours, se déroule en deux parties. Tout d'abord, les deux équipes se battent entre elles, en essayant de mettre à terre les adversaires ; ensuite, quand tous les membres d'une équipe sont tombés, le combat continue entre échasseurs du groupe gagnant. Le dernier à rester sur ses échasses remporte alors l'échasse d'or. Il garde ce titre jusqu'au combat de l'année suivante.

Cette année, nous avons pu assister à un combat particulièrement disputé entre à peu près soixante échasseurs, même si encore une fois, c'est un Avresse qui remporte la victoire. Ce n'est donc pas en 2015 que les Mélans, perdants depuis quelques années à présent, prendront leur revanche. Cependant, cela n'a tout de même pas été facile pour Julien Gobiet d'être le vainqueur et de pouvoir brandir une de ses échasses en l'air, signe de succès. Le combat fut fort long ; nous avons donc pu assister, une fois de plus, à une très belle joute. Julien Gobiet a, cette année, remporté, pour la deuxième fois de son parcours, l'échasse d'or.

Comme chaque année, c'est environ devant six mille spectateurs que le combat s'est déroulé. Enfants, étudiants, adultes, Namurois, Wallons et autres, bien sûr, tout le monde était au rendez-vous. Et quelle chance nous avons eue en plus d'avoir pu assister à ce spectacle sous le soleil.

Et pas de soucis à se faire pour la relève de 2016 : trente trois pour-cent des combattants de cette année étaient des jeunes de moins de dix-huit ans. Passionnés, ceux-ci n'ont qu'une envie : être plus performants l'année prochaine.



Ce combat de l'échasse d'or a lieu tous les ans, mais est forcément unique à chaque fois. En effet, le principe est toujours le même mais le déroulement de la joute est différent. Fiers de leur tradition, les Namurois organisent toujours cet événement à merveille, voulant le partager avec tous. Ce qu'on peut dire c'est que cette année, comme bien d'autres, fut une réussite.

Caroline Watillon, 6G