« L’Arabie
est quand même le seul pays au monde où ne circule jamais, mais alors là
jamais, la moindre blague sur… les femmes au volant ! » Et le ton est
donné pour une longue soirée placée sous le signe du rire, histoire de fêter la
Fédération Wallonie-Bruxelles. Et pour la circonstance, ce 27 septembre, la Salle
Saint-Michel est sold-out pour accueillir la comédienne et humoriste belge,
Laurence Bibot, venue présenter, devant un parterre d’invités, son dernier
spectacle « Bibot debout » de retour au pays après des escales
parisienne et new-yorkaise.
Ce « stand
up à la belge » nous fait voyager de la maison de repos à l’école de
Romuald, en passant par l’expo d’Amnesty et l’avenue Franklin Roosevelt ;
ce faisant, il mélange d’authentiques souvenirs personnels, des anecdotes
inventées qui sentent bon le vrai et même une rapide galerie de portraits
masculins peu flatteurs, il est vrai, du « lâche ambigu » au
« psychorigide », sans oublier l’« homme-enfant », le
« décomplexé naïf »… et M. Van Brabant [sic !], le professeur de son fils qui utilise une comparaison
inattendue pour lui expliquer la différence entre technique de transition et de
qualification ! On l’aura compris, loin des sketches habilement cousus façon
Michel Leeb ou Gad Elmaleh, aux antipodes des Raymond Devos et autres Bruno
Coppens qui dégainent les jeux de mots plus vite que leur ombre, ce «one-woman-show »
saute sans cesse du coq à l’âne : en verbomotrice talentueuse, l’humoriste
nous emmène dans les méandres de sa pensée qui vagabonde constamment sur un
itinéraire chahuté, voire « surréaliste » comme en témoignent son
« ceci n’est pas une pipe » qui tombe après une série de mimiques à
peine suggestives ou le fait d’ériger les annonces diffusées au micro chez
Delhaize au rang de « poésie urbaine » !
Si ses
« cafés serrés » servis sur la
Première à 7h40 ou ses « chroniques » savourées à l’heure du
goûter dans C’est presque sérieux
vous ont, comme moi, mis en appétit, vous ne serez pas déçus par le
« waterzooi » de ce spectacle. Tout en participant à la formidable et
féconde veine des humoristes belges, spécialistes ès autodérision et humour
décalé, Laurence Bibot n’en impose pas moins son originalité, revendiquant au
passage, dans le contexte de la pensée unique et de la mondialisation, une
sorte d’exception culturelle souvent appelée belgitude et qu’elle nomme
l’« humour local, incompréhensible au-delà de Bastogne ».
Simon Desseille, 6G
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