Etonnement. Surprise. Ce sont les
premiers mots qui nous viennent à l’esprit lors de la visite de cette
exposition quelque peu décalée. Il y a peu de monde. Ce n’est pas étonnant : cette exposition est méconnue. Et
pour cause, les auteurs de celle-ci sont souvent les rejetés de la société, la
honte d’une famille ou bien encore considérés comme des sous-hommes.
Ce mercredi 21 octobre, en
arrivant au SPW de la gare de Namur, beaucoup de questions nous taraudent.
Qu’allons-nous trouver de culturel dans un bâtiment administratif ? Ce
n’est qu’une fois montés dans la galerie principale que nous découvrons plus de
six cents œuvres d’art d’auteurs multiples. Ce rassemblement d’œuvres d’art est
unique en région namuroise. En effet, ce sont toutes des œuvres réalisées par
des personnes souffrant de troubles mentaux. Nous y voyons des tableaux mais
également des sculptures, des lampes et divers meubles réutilisés.
Cette expo existe depuis 2003 et,
fait étonnant, elle est peu connue. C’est une petite association jamboise qui
l’organise. Elle est en lien avec toutes les associations namuroises qui ont un
rôle dans l’accueil, l’aide et l’accompagnement de personnes émergents de la
santé mentale. Son président est Aimé Kabergs. Il est moins connu du grand
public que sa vice-présidente, Poupée Borreman, qui est une femme de terrain.
C’est elle qui accueille l’ensemble des visiteurs, avec l’aide de deux artistes
qui exposent dans la galerie.
Tout au long de celle-ci, nous
pouvons admirer des œuvres très colorées et chaleureuses mais, d’autres sont
sombres, violentes, vides d’émotions. Chaque toile, chaque objet nous raconte
une histoire, celle de son auteur. Cela en est d’autant plus frappant que tous
les auteurs sont atteints par des maladies diverses, dans lesquelles, la notion
de réalité est le plus souvent troublée. Et celui-ci s’affiche sur les toiles. On
parle ici d’art-thérapie, qui permet entre autre l’expression des émotions intérieures
afin de tenter de soigner, mais plus encore de soulager ces incompris de la
société, souvent très fragiles. Tout au long de l’exposition, chaque
institution namuroise s’occupant de la maladie mentale, dispose d’un stand afin
que certains de leurs usagers, qui participent à la réalisation des toiles,
soient présents pour montrer leurs œuvres au grand public.
Toutes ces œuvres, ils sont là
pour nous les expliquer, nous les montrer sous un œil différent, celui d’un
homme ou d’une femme atteint par la maladie mentale. Bien souvent, nous ne
comprenons pas l’ensemble de leur discours. Mais cela n’est pas le plus
important. Le bonheur et la joie se lisent dans leurs yeux car ils sont contents
de pouvoir partager leurs réalisations, leurs créations, même si ce sont des
rencontres uniques. Nous pouvons acheter les œuvres qui sont exposées. Cet
argent permet aux artistes de pouvoir essayer de relancer leur vie, tout en
égayant la nôtre avec des œuvres d’art d’un style et d’un genre décalé.
Cette exposition culturelle nous
montre que l’art n’est pas nécessairement dans les grands musées ayant pignons
sur rue mais qu’il peut aussi se trouver dans des lieux insolites tels que
celui-ci.
A la fin de notre visite, nous ressortons remplis de
questions. C’est justement là qu’est le but d’un évènement de ce type. Nous
cultiver mais également nous questionner, car la culture, si celle-ci est
réellement qualifiée de culture, nous questionne. Elle bouleverse toutes nos
certitudes, toutes les règles établies par la société et bouscule les préjugés.
Renc’Art avec son style décalé,
nous séduira forcément si l’on recherche des évènements culturels moins
populaires mais tout aussi riche qu’une exposition temporaire au Tate Modern de
Londres.
Clément Léonard, 6G
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