Pour comprendre et apprécier un film,
faut-il toujours pouvoir le voir de nos propres yeux ? Le FIFF, le Festival international du film qui se déroulait du 2 au 10 octobre à Namur,
nous prouve que non. « Tous les chats sont gris », un film belge, a
été diffusé ce lundi 5 octobre à l’Eldorado de Namur à l’occasion du festival. Si ce n’est que c’était une séance un peu spéciale... Le film a en effet été présenté en audio-description pour les
personnes malvoyantes. Mais peut-on réellement vivre un film sans le voir ? Et
le FIFF parvient-il à sensibiliser le grand public ?
Le FIFF, un festival qui rassemble, chaque année, dans la capitale wallonne, les amateurs de cinéma venus des quatre coins de Belgique et d’ailleurs, a réussi, en cette saison 2015, à nous présenter
une sélection de films qui n’attendait qu’à être vue avec les yeux... ou avec les
oreilles... Parmi ceux-ci, « Tous le chats
sont gris », un long métrage belge produit par Savina Dellicour. Dans les
rôles principaux : Bouli Lanners, un des acteurs de « Rien à
Déclarer » sorti en 2011, et Manon Capelle, une jeune fille belge encore
inconnue du grand écran.
Le film nous raconte l’histoire de Dorothy, seize ans,
vivant avec sa mère et un homme qui n’est pas son père, celui-ci étant parti il
y a bien longtemps. Un homme nommé Paul, exerçant le métier de détective privé,
la suit partout, prend des photos d’elle car il pense être son père, ayant
eu une relation avec la mère de la jeune fille au moment où celle-ci est tombée
enceinte... Un jour, Dorothy va remarquer sa présence et va tout de suite le
questionner. Paul se justifie en lui montrant se carte de détective et en
lui racontant qu’il suit un homme. Dorothy va alors trouver l’idée de demander
à Paul de retrouver son père, ne connaissant pas la vérité...
Pendant ces « fausses »
recherches, les protagonistes vont se lier d’amitié et devenir de plus en plus en proches. Un
jour, Dorothy croit découvrir toute la vérité au sujet de Paul, mais elle n’est
pas au bout de ses surprises. Car, peu après, Paul lui avoue avoir fait un test
de paternité qui prouve qu’il n’est en réalité pas son père. Dorothy, choquée,
va ensuite interroger sa mère qui lui déclarera, en pleurs, ne rien savoir car elle
était sous l’influence de l’alcool quand elle l’a conçue. Le film se termine
sur cette révélation bouleversante qui nous laisse sans suite.
C’est un peu décevant de
terminer le film sans savoir qui est le vrai père de Dorothy. Mais, au final,
nous sommes plus attirés par l’évolution de la relation à la fois amusante et attendrissante
entre Paul et cette dernière.
Le film a été
diffusé pour sa première en audio-description pour les personnes malvoyantes
avec la collaboration de l’association « Les Amis des Aveugles » qui
travaille depuis plus de treize ans avec le FIFF.
L’audio-description consiste en une voix en
« arrière-plan » qui décrit tout ce qui se passe à l’écran, tous les
changements de lieux et même les mimiques des personnages. Pour nous rendre
compte de comment ces personnes vivaient le film, le personnel distribuait à
l’entrée des bandeaux à mettre sur les yeux durant les dix premières minutes du
film ou plus si l’envie nous en prenait. C’est effectivement stupéfiant de se
rendre compte à quel point tout est bien décrit dans les moindres détails
et de constater que la vue n’est pas
indispensable pour comprendre un film. Les nouvelles technologies permettent au
cinéma de se rendre toujours plus accessible à tous.
Ce long métrage nous fait vivre
une histoire des plus émouvantes où le spectateur découvre que la vérité n’est pas
toujours ce que l’on cherche... Mais aussi un monde où le cinéma nous apprend à
apprécier les films sous un tout autre angle, sans avoir besoin de les suivre
de nos yeux. Le FIFF nous interpelle, nous bouleverse, nous fait rire... Jusqu’où peut-il aller pour nous
surprendre ?
Valentine Collin, 6C
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