lundi 24 octobre 2016

Un festival d’« humour local »

« L’Arabie est quand même le seul pays au monde où ne circule jamais, mais alors là jamais, la moindre blague sur… les femmes au volant ! » Et le ton est donné pour une longue soirée placée sous le signe du rire, histoire de fêter la Fédération Wallonie-Bruxelles. Et pour la circonstance, ce 27 septembre, la Salle Saint-Michel est sold-out pour accueillir la comédienne et humoriste belge, Laurence Bibot, venue présenter, devant un parterre d’invités, son dernier spectacle « Bibot debout » de retour au pays après des escales parisienne et new-yorkaise.


Ce « stand up à la belge » nous fait voyager de la maison de repos à l’école de Romuald, en passant par l’expo d’Amnesty et l’avenue Franklin Roosevelt ; ce faisant, il mélange d’authentiques souvenirs personnels, des anecdotes inventées qui sentent bon le vrai et même une rapide galerie de portraits masculins peu flatteurs, il est vrai, du « lâche ambigu » au « psychorigide », sans oublier l’« homme-enfant », le « décomplexé naïf »… et M. Van Brabant [sic !], le professeur de son fils qui utilise une comparaison inattendue pour lui expliquer la différence entre technique de transition et de qualification ! On l’aura compris, loin des sketches habilement cousus façon Michel Leeb ou Gad Elmaleh, aux antipodes des Raymond Devos et autres Bruno Coppens qui dégainent les jeux de mots plus vite que leur ombre, ce «one-woman-show » saute sans cesse du coq à l’âne : en verbomotrice talentueuse, l’humoriste nous emmène dans les méandres de sa pensée qui vagabonde constamment sur un itinéraire chahuté, voire « surréaliste » comme en témoignent son « ceci n’est pas une pipe » qui tombe après une série de mimiques à peine suggestives ou le fait d’ériger les annonces diffusées au micro chez Delhaize au rang de « poésie urbaine » !


Si ses « cafés serrés » servis sur la Première à 7h40 ou ses « chroniques » savourées à l’heure du goûter dans C’est presque sérieux vous ont, comme moi, mis en appétit, vous ne serez pas déçus par le « waterzooi » de ce spectacle. Tout en participant à la formidable et féconde veine des humoristes belges, spécialistes ès autodérision et humour décalé, Laurence Bibot n’en impose pas moins son originalité, revendiquant au passage, dans le contexte de la pensée unique et de la mondialisation, une sorte d’exception culturelle souvent appelée belgitude et qu’elle nomme l’« humour local, incompréhensible au-delà de Bastogne ».

Simon Desseille, 6G

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