mercredi 28 octobre 2015

« Everest »


À plus de huit-mille mètres d'altitude, l'homme ne sait pas survivre. Et pourtant, chaque année, des centaines de personnes escaladent l'Everest, le sommet le plus haut du monde. Inspiré de faits réels, le film « Everest » nous raconte la tragédie d'une expédition commerciale vers ce sommet, lorsque, en 1996, une tempête tue huit personnes en deux jours.

Jason Clarke, Jake Gyllenhaal, Josh Brolin et John Hawk sont quatre grands noms pour les quatre personnages principaux que nous suivons tout au long de ce film vertigineux. Que ce soit le guide ou un des trois autres alpinistes, chacun de ces acteurs incarne une personnalité différente pour donner des perceptions et, par conséquent, des expériences variées du même événement.

Pour réellement être touché par l'atrocité des évènements, il faut s'attacher aux personnages. Ce film le permet en établissant le décor dès le début. Nous faisons connaissance avec la famille de Beck Wethers (Josh Brolin) et nous apprenons même que Jan Hall (Keira Knightly), l'épouse du guide, attend un enfant. Mais ici c'est presque exagéré car l'intention du réalisateur est sentie à travers les images un peu trop transparentes. Et ce n'est pas surprenant provenant de Hollywood, souvent critiqué pour une simplification et une exagération de tout. Nous pourrions croire qu'un tel drame nécessite d'être amplifié de la sorte, mais une approche plus subtile qui prend au dépourvu aurait probablement été encore plus marquante. En effet, nous sommes vite pris d'une sensation de convivialité et d'amitié lorsqu'on voit ce groupe d'alpinistes hospitaliers trinquant à la belle étoile et on tomberait plus aisément dans le piège de s'y attacher aveuglément, si on n'avait pas été averti de la finalité par l'emphase sur certains points.

Ce film, également en 3D au cinéma, est un amoncellement de sensations fortes d'action et d'émerveillement dans le cadre magnifique qu'est l'Himalaya. Que ce soit pour les férus d'aventure couplée d'un suspense engageant ou pour les personnes désirant simplement profiter d'une histoire séduisante et émotionnelle, ce film n'est certainement pas décevant. Et pour ceux qui recherchent un je-ne-sais-quoi de plus, « Everest » nous le procure également. En abordant un sujet hors du commun – la commercialisation d'expéditions à risque, ce film dénonce le compromis de la vie pour l'argent. Bien sûr, l'ascension de l'Everest est un cas patent où les conséquences sont directement appréciables mais, par le choc qu'il crée, il nous permet de nous questionner sur des affaires de la vie de tous les jours. Est-ce que je laisse ma fille aller seule en bus à l'école ? Est-ce que je mange au fast food ce soir ?


Pour conclure, « Everest » est un film fascinant à multiples facettes dont nous pouvons tous profiter, simplement pour admirer les paysages époustouflants ou encore pour ravitailler son esprit assoifé d'idées philosophiques et d'analyses pschologiques. Et malgré un manque de subtilité, ce film guarantit une bonne dose de sensations et sentiments forts.

Henry-François Smith, 6G

Emmène-moi à l'église

« Take me to church » de Hozier, le single qui vous transporte par sa beauté musicale, mais pas seulement ! Une simple musique, me direz-vous ? C’est là que vous vous méprenez ! À la première écoute, vous ne pourrez pas déceler toute la complexité qui s’y cache. Prenez donc le temps de lire entre les lignes. De quoi parle cette chanson ? Pourquoi a-t-elle rencontré un tel succès ? Pourquoi un tel clip ?



Tout d’abord, pourquoi devrait-on s’intéresser à cette chanson en particulier ? Pour sa qualité audio ? Pour son fond ? Ou encore pour son clip ? Pour tout, tout simplement, mais laissons deux minutes de côté la qualité audio. Vous aimez le sexe ? Vous êtes malades ! C’est le fond sur lequel est basé cette musique : le rejet de la sexualité par l’église, un sujet normalement tabou et plutôt osé. Qui aurait dit que la chanson serait au top classement de tant de pays ?

Hozier, le compositeur, dans cette chanson, nous parle d’amour et du point de vue qu’adopte l’église. Ici, il s’inspire du poème « Chorus Sacerdotum », paru en 1554, et des écrits de l’écrivain Christopher Hitchens. Hozier nous explique que l’acte sexuel est l’une des choses des plus humaines, mais qu’une organisation comme l’église dit que cela porte atteinte à l’humanité. Nous pouvons notamment remarquer cette désapprobation de l’acte sexuel par l’église à travers ces paroles : « We were born sick, You heard them say it, My church offers no absolutes ». Littéralement « Nous somme nés malades, Tu les as entendu le dire, Mon église n’offre aucune absolution ».

Sorti le 16 septembre 2013, « Take me to church » rencontre immédiatement un franc succès : d’abord grâce à son audio - une belle voix sublimée par des paroles profondes et une instrumentation envoutante. Mais voilà qu’elle connaît un succès encore plus grand lors de la sortie de son clip au contexte toujours plus dénonciateur qui constitue un véritable pilier de son single. Dans celui-ci, ce sont des images assez dures que nous verrons défiler. Nous y suivrons la relation entre deux personnes homosexuelles, ainsi que l’homophobie présente dans une communauté violente qui quand elle apprend l’homosexualité du couple va les traquer et les lyncher. Le dernier plan, très cru, nous montre cette communauté battre l’un des homosexuels, juste à côté d’un bucher qui nous laisse imaginer les atrocités qui vont s’en suivre.

Le clip dénonce notamment le traitement de la communauté LGBT en Russie ; c’est par celui-ci que notre chanteur irlandais veut amener, non seulement une réflexion profonde sur la différence, mais aussi sensibiliser l’opinion sur les dérives violentes engendrées par l’intolérance. Hozier a donc décidé de faire passer son message par ses propres moyens, à savoir la musique, et ensuite par la réalisation de son clip qui ne saurait vous laissez indifférent.

En conclusion, « Take me to church » souhaite nous sensibiliser par ses élans dénonciateurs, ce qui lui a valu un grand succès.

Loris Pirotte, 6C

Le Tout Nouveau Testament

Dieu existe, il habite à Bruxelles.


Nous sommes le 2 septembre 2015. Un nouveau film vient de sortir. Et, comme d’habitude, ça se passe le mercredi dans tous les cinémas. Difficile de s’y rendre le jour-même : les salles sont combles avant même qu’on y pointe l’orteil. Beaucoup de gens en parlent ; désormais les avis et critiques se multiplient. La bande-annonce, quant à elle, vend du rêve. Trois jours plus tard, nous voilà dans la file, avec la perspective d’une salle bondée. Qu’est-ce qui fait affluer tous ces gens ? Qu’a donc ce film de si spécial ?

Le nouveau bébé de Jaco Van Dormael et Thomas Gunzig n’en finit pas d’être au centre de l’attention. Ces derniers mettent en scène un Dieu version machiavélique incarné par Benoît Poelvoorde, qui jouit du simple fait de  faire souffrir les gens, en restant simplement enfermé dans son appartement de Bruxelles.

C’est un être maléfique ; sa fille le méprise et décide de faire la résistance. Cloitrée chez elle, elle s’introduit dans le bureau de son père qui lui est formellement interdit, hacke sans le moindre scrupule son ordinateur et, en un clic, sème le chaos au sein de toute la population, en envoyant aux gens par texto... leur date de décès ! Le but ? Décrédibiliser son odieux de père, et ainsi déclencher une rébellion. Une révolution pacifique mais profonde. Cette dernière est  visible chez les six apôtres qu’Ea nous a dégotés : une manchote (Laura Verlinden), un obsédé sexuel (Serge Larivière), un tueur à gages (François Damiens), une femme délaissée (Catherine Deneuve), un employé de bureau (Didier de Neck) et un petit garçon (Romain Gélin) qui se rêve en fille. La présence d’apôtres - idée de J-C en personne - semble signer l’originalité du réalisateur.

Le film commence. Le début nous plonge directement dans le bain : Dieu habite Bruxelles, il a deux enfants (J-C et Ea, les conspirateurs de l’histoire), avec sa femme (Jeanne Marot). Il est complètement tyrannique, et ça a tellement déstabilisé cette pauvre dame qu’elle ne parle presque plus et ses capacités se limitent désormais aux tâches ménagères. Benoît Poelvoorde, c’est Dieu. Premier aperçu de ce dernier : en pyjama, avec une bière et devant la télé !

Le film veut nous surprendre dès le début  et, à la fin, nous offrir une réflexion sur la vie qui fait plaisir à voir. En effet, que ferions-nous à la place de tous ces gens ? Ne pas croire ces informations qui au fond ne peuvent provenir de Dieu, car ce serait complètement irrationnel ? Ou les  considérer comme un prétexte pour changer de vie ? Il s’agit d’un simple sms idiot et insensé au premier abord, mais qui se révèle fondé. Ces gens se mettent à se poser des questions et nous de même.

Cet avertissement, c’est l’élément déclencheur : la vie prend un tout autre sens lorsqu’on sait que notre destiné est de mourir dans deux ans, trois jours et cinquante-six minutes, ou même dans cinquante ans.  Alors, plutôt que de s’évertuer à donner le meilleur de nous quotidiennement, dans un boulot qui nous fatigue, pour s’offrir un futur qui semble ne pas nous appartenir, il est sans doute préférable de couper les ponts.

Le film est fini. La question est : sommes-nous aussi convaincus que nous l’étions après avoir vu la bande annonce ? Les critiques littéraires (notamment La Première, Le Parisien, Studio, Cinélive, Le Journal du Dimanche, Le Monde, Le Figaro) ont attribué une bonne note au film de Jaco van Dormael. Celui-ci est renommé dans le métier et en est déjà à son quatrième long-métrage en l’espace de vingt-quatre ans. De plus, il a été ovationné à Cannes en 1991 pour Toto le héros. Ce dernier film  relate l’histoire d’un type à qui il n'est jamais rien arrivé. Rien à voir avec « Le Tout Nouveau Testament », pensez-vous. Pourtant des allusions et clins d’œil sont perceptibles.

« C'est un bon film mais la bande annonce n'est pas conforme au film. Elle annonce une comédie alors que le film, qui est un bon, est un film de réflexion ». Difficile de ne pas partager cet avis. En effet, il y a des touches d’humour, mais de là à qualifier ce film d’humoristique ? Non, parce qu’il s’agit ici sans aucun doute d’un film subtil qui suscite une réflexion sur tout un tas de choses : Dieu, la vie, la mort, la destinée, nos trajectoires personnelles. Que des thèmes dont les idées sont fulgurantes mais si peu exploitées.

Lorsque nous aurions tendance à imaginer un Dieu qui ne fait que le bien, Jaco van Dormael nous surprend avec l’anti–Dieu, ce Dieu maléfique incarné par Benoît Poelvoorde. Le rôle requiert un tempérament colérique, ce que Benoit Poelvoorde est tout à fait apte à interpréter et, malheureusement, dans l’exagération : il surjoue. Et parmi tous les avis qui fusent, ceux concernant le scénario remportent l’unanimité sur la toile virtuelle : certaines scènes sont incompréhensibles, voire ennuyeuses. Approuvé aussi. Catherine Deneuve n’est pas épargnée non plus : le gorille  dont elle tombe amoureuse rend  son rôle grotesque.

Ce film, encore  à l’affiche, aura rassemblé un large public, partagé et touché  et une panoplie de bons acteurs. Dès le premier jour, cinquante mille places ont été vendues en Belgique et, aujourd’hui, près de deux cent quarante mille. La valeur culturelle que prend l’évènement prend tout son sens par ce film qui, en dépit de nous laisser sur notre faim, ne nous laisse pas indifférent.

Philippine Jadoul, 6G 

Avis de tempête

Namur, capitale de la Wallonie, est devenue, ce mois d’octobre, le centre culturel de la Belgique. En effet, du 2 au 09 octobre, le Festival International du Film Francophone de Namur (le FIFF), lors de sa trentième édition, présentait à ses visiteurs divers évènements culturels cinématographiques tels que des court-métrages, des documentaires ou encore des long-métrages d’artistes francophones. C’est au cours du dernier jour du festival, que Namur nous a ouvert les portes de son cinéma, l’Eldorado, pour la projection de Tempête, film  du réalisateur français Samuel Collardey, qui reçut le Bayard d’Or du meilleur long-métrage.

Choisir entre le travail et la famille est un dilemme devant lequel se trouvent confrontées de nombreuses personnes au cours de leur vie. Dominique, trente-six ans, travaille sur un bateau de pêche, faisant des campagnes de trois semaines en haute mer. Suite à son divorce, Dominique doit s’occuper de ses deux enfants, Mailys et Matteo. Malgré ses absences fréquentes dues à son métier, ceux-ci ont décidé de le suivre. Lorsque « Dom » apprend que sa fille, âgée de seize ans est enceinte, il va devoir faire face à un choix douloureux : s’occuper de sa fille ou poursuivre son travail exigeant...

Les deux acteurs principaux en étaient à leur première apparition sur le grand écran. En effet, pour coller au plus près à un cinéma-réalité, Samuel Collardey a fait appel à des gens de son entourage, qui ne sont pas des acteurs professionnels, pour les rôles principaux du film. Ceci n’empêchera pas Dominique Leborne de devenir le meilleur comédien du festival, recevant le Bayard d’Or en récompense. Nous avons aussi pu remarquer le jeu naturel et sincère de Matteo, son fils, ainsi que des autres comédiens.

La façon dont Samuel Collardey travaille, avait,  elle aussi, un impact sur le jeu des acteurs. En effet, aucun des comédiens n’avait lu le scénario en entier durant le tournage. Chacun tournait les scènes sans savoir comment elles allaient être aboutées et finalisées. Et c’est donc, le 9 octobre que Matteo, le jeune comédien de quinze ans a découvert en même temps que nous, pour la première fois, le film dans son entièreté. Le réalisateur désirait un documentaire fiction vrai et humain, c’est pourquoi il a eu l’idée de se pencher sur l’histoire d’un de ses proches amis, en lui demandant de jouer son propre rôle dans sa propre vie. Cette particularité a aussi permis à la famille Leborne de revivre des évènements, des émotions qu’ils avaient déjà vécus auparavant, tout en apportant un effet thérapeutique sur ce qu’il leur était arrivé.

En définitive, c’est avant tout par son jeu d’acteurs sincère ainsi que son histoire pleine d’humanisme et de simplicité, que le film Tempête de Samuel Collardey nous plonge dans la vie des pêcheurs du petit village modeste et familiale des Sables d’Olonne, accompagnée d’une douce brise salée et d’un air de musique folk anglo-saxonne.

Chloé Devos, 6G

Namur Capitale Nature

Cette année encore, du 24 au 27 septembre 2015, Namur a ouvert les portes de ses bâtiments prestigieux au « Festival Photos Nature & d’Art Animalier » qui s’inscrit dans le projet de la Quinzaine de la Nature. Quel est le principe de ces deux projets ? Où, comment, par qui et dans quel but ont-ils été réalisés ?



En 2002 eut lieu à Namur la première édition de la Quinzaine de la Nature, un rendez-vous incontournable permettant un bel aperçu de notre nature locale, trop peu connue. Cette année, la quatorzième édition de cet événement, qui eut lieu du 4 au 27 septembre 2015, a attiré plus de monde que jamais. Dans le cadre de celle-ci s’inscrivent une multitude de projets tels des balades-découverte, des expositions, des animations pour apprendre ou des concours photo. Le plus connu de ceux-ci est le concours du Festival Photos Nature & d’Art Animalier organisé par AVES, le pôle ornithologique de Natagora. Il se traduit par des expositions de photos animalières dans différents lieux de Namur : la Place d’Armes, le Parlement Wallon, l’Eglise Notre-Dame, le Théâtre de Namur, l’Ecole Sainte-Marie ou encore le Palais des Congrès. Un pass est nécessaire pour accéder à certains d’entre eux mais la Place d’Armes et la Galerie du Beffroi restent gratuits et ouverts à chacun. Ces lieux ont comptabilisé cette année un total de plus de trois mille visites, durant le seul weekend d’ouverture, du 24 au 27 septembre 2015.

Cette année, plus de trois cent cinquante photographes ont exposé leurs meilleurs clichés en vue de recevoir un des nombreux prix existants. L’un de ceux-ci est le prix du public et est discerné sur base des votes des visiteurs des expositions. Il revient cette année à Carole Reboul pour la photo ci-jointe, nommée Majestueux. Elle remporte pour ce cliché un bon de mille deux cent cinquante euros. Une douzaine d’autres prix ont également été distribués.


Le concept du Pavillon de la Nature, Place d’Armes, est quelque peu différent des autres lieux d’exposition. Le visiteur peut, en effet, en plus de l’exposition de photos, y retrouver une multitude de stands gérés par différents organismes dispensant des informations sur leur fonctionnement et leurs buts. Il peut retrouver par exemple des stands de Natagora, d’Adalia, du Cercle des Naturalistes de Belgique, de l’asbl Haute-Meuse, de l’Ecole Namuroise d’Apiculture, de RIVEO, de CREAVES, ou encore de la Province de Namur-STP-Environnement. Ces organismes tentent, lorsque nous passons devant leurs stands, de nous informer mais également de nous convaincre de faire l’un ou l’autre petit geste pour l’environnement, en fonction de leur domaine d’action (le plus souvent la protection d’oiseaux, mais également parfois l’utilisation de pesticides, la pêche ou la protection d’une espèce en danger telle le pangolin).

Tous ces lieux d’exposition ou d’explication, ainsi que les balades et les animations organisées, ont pour but de sensibiliser le grand public à la nature qui l’entoure. Il s’agit également d’un rendez-vous pour tous les amateurs ou spécialistes en oiseaux, flore locale, environnement, écologie ou photographie. L’édition 2015 a également attiré des visiteurs étrangers qui qualifient cet événement d’immanquable.


Ce projet est donc une réussite chaque année plus marquée. Il apparait alors clair que, dans notre société dite capitaliste et égocentrique, l’envie de protéger la nature touche de plus en plus de personnes, ce qui est très encourageant pour l’avenir. L’humanité commencerait-elle à se préoccuper de l’environnement dans lequel elle évolue plutôt que de le détruire dans une incessante quête de richesse ? Se rendrait-elle enfin compte qu’elle ne peut pas exister sans la nature? Finalement, commencerait-elle à comprendre qu’il est temps de tout mettre en œuvre pour sauver la faune et la flore dans nos pays ? L’attrait qu’a suscité cet événement semble nous apporter une réponse positive à ces questions et nous redonne foi en l’humanité.

Quentin de Montpellier, 6G

mardi 27 octobre 2015

Un « moment culture » à Namur

Depuis septembre 2015, et ce tous les deuxième samedis du mois, se tiennent, à la Maison de la Culture de Namur, les  Apéros du Rock. Il s’agit d’un rendez-vous musical organisé par un journaliste spécialisé, Laurent Rieppi. Ce journaliste « rock » est aussi présentateur de l’émission « We Will Rock You » sur Classic 21 et  auteur de quelques livres spécialisés, notamment un ouvrage de référence sur David Bowie. Quel fut le déroulement de la séance mettant à l’honneur le « White Album » des Beatles ? Qu’est-ce qui fait de cet album un ouvrage incontournable dans le monde du rock et  quel pourrait être l’objectif recherché par l’organisation d’un tel événement?

L’évènement se déroule à l’intérieur de l’espace médiathèque de la Maison de la culture. Parmi l’espace où chacun peut choisir et louer CD, DVD, jeux, etc., un espace est aménagé au fond de la salle : quelques rangées de chaises, un écran, un projecteur, des hauts parleurs et une console musicale. Tout ce matériel servira de support indispensable à la présentation orale d’un album rock marquant et choisi par le journaliste.



Après les présentations d’usage, la session débute sur une mini-conférence replaçant l’album dans son contexte historique et musical. De nombreuses anecdotes relatives aux musiciens et à leurs influences de l’époque sont évoquées et illustrées par des projections : les conditions d’enregistrement de l’album, les problèmes rencontrés, les moments mémorables et tensions entre personnes, la création de la pochette... Autant de sujets  qui sont abordés lors de cette première partie.

Quelques extraits marquants de l’album sont aussi écoutés lors de cette première partie et permettent aux participants de reconnaitre les morceaux essentiels et de faire le lien avec les explications avancées par le journaliste.

Une fois l’album et son histoire parcourus, l’album est ensuite écouté dans son intégralité (en « arrière-fond » ) pendant que les participants font connaissance et échangent sur le sujet, le tout agrémenté d’un verre d’eau, de jus d’orange ou de vin et de quelques zakouskis ; c’est là que le rock rejoint la notion d’apéro. Il est alors environ midi... Par après, une séance de questions-réponses permet à chacun de s’exprimer et d’échanger, ceci complétant l’information sur le sujet.

Lors de ce premier rendez-vous, Laurent Rieppi avait choisi de mettre à l’honneur le double « Album Blanc des Beatles », enregistré en  novembre 1968. C’est le neuvième disque enregistré et il est souvent présenté comment le dernier chef-d’oeuvre du groupe de Liverpool.

Après une période « psychédélique », les Beatles reviennent au rock and roll plus simple, et la pochette blanche est aussi une illustration de leur volonté de retour à la sobriété. Pour l’anecdote : toutes les pochettes de la première édition ont été numérotées (001,002, etc..), les quatre premiers disques étant la propriété respective des membres du groupe. Il y a quelques années, l’album numéroté 005 a été vendu sur E-Bay pour la somme de 22.500$ !

Lors de la confection de cet album, contrairement au passé quand Paul Mac Cartney et John Lennon composaient quasi l’entièreté des titres à eux deux, chaque membre du groupe a pu proposer, jouer et enregistrer les morceaux qu’il désirait. Résultat : trente titres très différents, un album assez hétéroclite où la notion de groupe était déjà en cours d’évaporation. Les quatre musiciens sont sans doute individuellement au sommet de leur art, mais la question qui reviendra le plus souvent par après est : « Est-ce la fin des Beatles? ».

De nombreuses personnes ont également fait le lien entre l’omniprésence croissante, au cours de la période d’enregistrement de l’album, de Yoko Ono auprès de Lennon pour expliquer les tensions au sein du groupe ; d’après les spécialistes, et notamment Laurent Rieppi, Yoko Ono seule n’explique pas la fin programmée des Beatles ; il s’agit plus d’une évolution naturelle où chacun cherche et va trouver son équilibre de son côté. Mais évidemment la forte personnalité de Yoko Ono sera le prétexte tout trouvé pour expliquer la fin du groupe, regretté par tous les fans !

Par sa diversité, l’album blanc des Beatles est sans conteste un des plus influents pour les années qui vont suivre et les courants musicaux dérivés du rock : à côté de splendides balades ("Blackbird", "Mother nature’s son"...), "Back in the USSR" et "Birthday" sont du rock pur. On peut aussi considérer qu’"Healter Skelter" préfigure  ce que sera le hard rock un peu plus tard, "Ob-La-Di, Ob-La-Da" est du ska avant l’heure, certains morceaux revisitent le jazz, la country et le rock expérimental.

De nos jours, l’écoute de la musique se fait le plus souvent en solitaire. L’objectif des apéros du rock est de retrouver, à travers cette expérience, une dimension sociale et conviviale qui s’était perdue avec l’arrivée des lecteurs mp3, smartphones, écouteurs etc. Il y a aussi un peu de nostalgique dans cet objectif, en référence à la période des 33 tours et CD que l’on s’échangeait entre amis, qu’on écoutait ensemble et sur lesquels on dissertait des heures durant.

Les apéros du rock sont un événement qui plaira autant aux fans de rock  qu’aux simples curieux et amateurs de culture musicale. C’est une idée originale que nous propose Laurent Rieppi que de  partager sa passion pour le rock et de se retrouver en chair et en os face à ses habituels auditeurs radiophoniques. Le prochain rendez-vous (le samedi 14 novembre) portera sur Nirvana et le célèbre album « Nevermind », album qui a révolutionné la planète rock.

Alexandre Fourneau, 6G

Le cinéma « vu » autrement

Pour comprendre et apprécier un film, faut-il toujours pouvoir le voir de nos propres yeux ? Le FIFF, le Festival international du film qui se déroulait du 2 au 10 octobre à Namur, nous prouve que non. « Tous les chats sont gris », un film belge, a été diffusé ce lundi 5 octobre à l’Eldorado de Namur à l’occasion du festival. Si ce n’est que c’était une séance un peu spéciale... Le film a en effet été présenté en audio-description pour les personnes malvoyantes. Mais peut-on réellement vivre un film sans le voir ? Et le FIFF parvient-il à sensibiliser le grand public ?

Le FIFF, un festival qui rassemble, chaque année, dans la capitale wallonne, les amateurs de cinéma venus des quatre coins de Belgique et d’ailleurs, a réussi, en cette saison 2015, à nous présenter une sélection de films qui n’attendait qu’à être vue avec les yeux... ou avec les oreilles... Parmi ceux-ci, « Tous le chats sont gris », un long métrage belge produit par Savina Dellicour. Dans les rôles principaux : Bouli Lanners, un des acteurs de « Rien à Déclarer » sorti en 2011, et Manon Capelle, une jeune fille belge encore inconnue du grand écran.

Le film nous raconte l’histoire de Dorothy, seize ans, vivant avec sa mère et un homme qui n’est pas son père, celui-ci étant parti il y a bien longtemps. Un homme nommé Paul, exerçant le métier de détective privé, la suit partout, prend des photos d’elle car il pense être son père, ayant eu une relation avec la mère de la jeune fille au moment où celle-ci est tombée enceinte... Un jour, Dorothy va remarquer sa présence et va tout de suite le questionner. Paul se justifie en lui montrant se carte de détective et en lui racontant qu’il suit un homme. Dorothy va alors trouver l’idée de demander à Paul de retrouver son père, ne connaissant pas la vérité...

Pendant ces « fausses » recherches, les protagonistes vont se lier d’amitié et devenir de plus en plus en proches. Un jour, Dorothy croit découvrir toute la vérité au sujet de Paul, mais elle n’est pas au bout de ses surprises. Car, peu après, Paul lui avoue avoir fait un test de paternité qui prouve qu’il n’est en réalité pas son père. Dorothy, choquée, va ensuite interroger sa mère qui lui déclarera, en pleurs, ne rien savoir car elle était sous l’influence de l’alcool quand elle l’a conçue. Le film se termine sur cette révélation bouleversante qui nous laisse sans suite.

C’est un peu décevant de terminer le film sans savoir qui est le vrai père de Dorothy. Mais, au final, nous sommes plus attirés par l’évolution de la relation à la fois amusante et attendrissante entre Paul et cette dernière.

Le film a été diffusé pour sa première en audio-description pour les personnes malvoyantes avec la collaboration de l’association « Les Amis des Aveugles » qui travaille depuis plus de treize ans avec le FIFF.

L’audio-description consiste en une voix en « arrière-plan » qui décrit tout ce qui se passe à l’écran, tous les changements de lieux et même les mimiques des personnages. Pour nous rendre compte de comment ces personnes vivaient le film, le personnel distribuait à l’entrée des bandeaux à mettre sur les yeux durant les dix premières minutes du film ou plus si l’envie nous en prenait. C’est effectivement stupéfiant de se rendre compte à quel point tout est bien décrit dans les moindres détails et  de constater que la vue n’est pas indispensable pour comprendre un film. Les nouvelles technologies permettent au cinéma de se rendre toujours plus accessible à tous.

Ce long métrage nous fait vivre une histoire des plus émouvantes où le spectateur découvre que la vérité n’est pas toujours ce que l’on cherche... Mais aussi un monde où le cinéma nous apprend à apprécier les films sous un tout autre angle, sans avoir besoin de les suivre de nos yeux. Le FIFF nous interpelle, nous bouleverse, nous fait rire... Jusqu’où  peut-il aller pour nous surprendre ?

Valentine Collin, 6C

The Intern

The Intern est un film américain qui est sorti en premier lieu en Belgique le 15 septembre 2015, au festival du film d’Ostende, avant sa sortie en Amérique, le 21 septembre. Ecrit et produit par Nancy Meyers, le film a reçu des critiques assez diverses. On y trouve des acteurs connus comme Robert De Niro et Anne Hathaway. The Intern est une comédie qui parle aussi de nombreux problèmes de société, comme les personnes âgées au travail, les femmes qui occupent un poste de direction en entreprise, la surcharge de travail et les “hommes au foyer”.

Dans The Intern, Robert De Niro prend le rôle de Ben Whittaker, un veuf de septante ans qui trouve la retraite assez ennuyante et va trouver un travail dans une société de mode qui travaille avec l’e-commerce. Ben va devenir le stagiaire de la créatrice et PDG de l’entreprise Jules Ostin, jouée par Anne Hathaway. Les débuts vont être difficiles, mais avec le temps une amitié va se créer entre ces deux personnages complètement différents.

Le public pourrait être attiré par ce film grâce au jeu des deux acteurs principaux et il ne va pas être déçu, car la relation entre ces deux acteurs est excellente. Le film est bien produit et le jeu des acteurs est excellent, avec des scènes hillarantes, mais aussi des moments plus sérieux. Comme dit précédemment, The Intern parle aussi de problèmes de la société moderne ; les deux plus importants étant le fait qu’une personne normalement à la retraite est mal vue quand elle reprend un travail “normal” et, ensuite, le fait qu’une femme chef d’entreprise n’est pas toujours bien vue.

Bien que le film soit sorti il y a quelques semaines, la salle de cinéma était encore assez remplie et la majorité du public avait l’air de bien aimer le film. The Intern n’a encore reçu aucun prix car sa sortie est encore assez récente. Quant aux revues, les avis divergent : le public semble aimer le film, mais les critiques professionnelles sont plus mitigées (par exemple 7,5/10 par IMDB et 60% par Rotten Tomatoes, les deux sites les plus connus de critiques sur internet).

Avant ce film, Nancy Meyers qui a produit et écrit The Intern, ne semblait pas encore très connue, même si elle a déjà écrit et produit de nombreux films, mais aucun n’a été vraiment célèbre.  Peut-être The Intern va-t-il enfin changer cela ?

James Evans, 6C

dimanche 25 octobre 2015

« Des Apaches »

Ce mercredi 7 octobre 2015, un film qui s’intitule « Des Apaches » était à l’affiche au cinéma. Cette production était projetée à l’Eldorado, en plein centre de la capitale wallonne, à l’occasion du festival international du film francophone, le FIFF. « Des Apaches » est un film français sorti le 22 juillet 2015 qui met en scène Nassim Amaouche, un acteur de nationalité française et algérienne.

« Apache » est un nom qui est normalement attribué à différentes tribus Indiennes. C’est pourquoi, quand nous entendons le titre de ce film, beaucoup de gens s’attendent à une histoire sur les Indiens, ce qui n’est pas le cas. Il s’agit d’ailleurs d’un drame qui nous raconte une partie de la vie de Samir. Lors de l’enterrement de sa mère, Samir croise le regard d’un inconnu, son père. Celui-ci l’entraine dans une affaire familiale qui le plonge au cœur de la population kabyle de Belleville et de ses traditions. Cette expérience bouleverse Samir et il fait ressurgir son passé d’une étrange manière. Alors qu’il se confronte à ses choix, le jeune homme va s’affranchir de son enfance et de son clan pour devenir un homme libre, un « Apache ».

Cette production aborde une relation entre père et fils, ou plutôt l’absence de relation et la recherche d’une identité qui en découle. Deux histoires se forment autour de ce thème : un garçonnet qui ne connait pas son père et Samir qui a grandi sans son père. En tant que spectateurs, nous les voyons évoluer parallèlement. Un doute se forme pendant le film car nous ne savons pas très bien si le garçonnet représente Samir plus jeune. Cette ambiguïté se renforce premièrement quand les deux personnages se retrouvent ensemble sur le toit d’un immeuble et deuxièmement quand nous apercevons que la femme que Samir rencontre est la mère du garçonnet cité plus haut. C’est une coïncidence qui n’est pas facile à cerner, mais qui fait toute l’originalité du film.

Ce film a été projeté pendant le FIFF, et grâce à cela, nous avons eu la chance de rencontrer l’acteur/compositeur, Nassim Amaouche. Participer à l’explication que donne l’acteur à propos de son film peut aider pour la compréhension de ce drame.

En ce qui concerne le jugement de goût par rapport à ce film, il en ressort des avis assez mitigés. D’une part, c’est un film qui plait et qui met en scène de belles relations touchantes entre un père et son fils ou encore entre une femme et un homme. D’autre part, la fin du film peut laisser des spectateurs insatisfaits car « Des Apaches » reste un film confus avec pas mal d’ambigüités.

Pour terminer, « Des Apaches » n’est donc pas LE film de l’année mais il reste divertissant et attachant.


Marie Huybens, 6C

La Seconde surprise de l'amour

L’amour, l’amour et encore l’amour. Thème abordé sous toutes les coutures, qui ne cesse de faire parler de lui. Mais dans La Seconde surprise de l’amour écrite par Marivaux, cela n’a rien d’un conte de fée ordinaire.

Les deux personnages principaux de la pièce ont tous deux perdu l’amour de leur vie. Elle est une jeune marquise en deuil depuis quelques mois et lui un chevalier désespéré depuis que son amante est rentrée au couvent. Ces deux vieux amis se confient l’un à l’autre et parlent de leurs rêves brisés. Ils voient en l’autre l’ami qui pourrait enfin comprendre leur douleur. Lisette, servante dévouée à sa maîtresse, et Lubin, valet rusé du chevalier, voient d’un bon œil ce rapprochement qui pourrait peut-être finalement faire sortir leurs maîtres respectifs de la tristesse. Des idées traversent les esprits des deux serviteurs qui n’hésiteront pas à sauter sur chaque occasion. Mais il ne faudrait pas oublier le comte Diafoirus qui faisait déjà la cour à la marquise ; ni Hortensius, professeur de lecture, qui aurait tout intérêt à ce que la jeune femme ne retrouve pas le sourire. Mais il en faudra plus que cela pour décourager le valet et la servante ! A leurs risques et périls…

Mise en scène par Valentin Rossier, La Seconde surprise de l’amour sera jouée jusqu’au deux octobre au théâtre Le Public : une occasion de voir ou revoir ce classique de la littérature. Cette pièce, écrite par Marivaux au dix-huitième siècle, a été magistralement mise en scène. C’est dans un mélange de classicisme et de modernité que nous la découvrons pour notre plus grand  plaisir.

Effectivement les acteurs, respectant pourtant le texte original à la lettre, n’en font pas moins rire en jouant tantôt de manière désinvolte, tantôt ironique. C’est surtout le cas de Lubin, jeune valet incarné par Paulo dos Santos, qui se retrouve en espadrilles et en chemise à fleurs sur scène. Pourtant, il incarne parfaitement son rôle d’ami et de confident, d’hier ou d’aujourd’hui. Ou encore celui de Lisette, servante de la marquise, joué par Anna Pieri, qui n’hésite pas à donner de la vitalité à son rôle en faisant des mimiques tout à fait surprenantes et en utilisant des intonations qui ajoutent de la gaité à l’œuvre. Mais c’est surtout Valentin Rossier qui marquera les esprits. En plus d’avoir effectué la mise en scène, il joue avec brio le rôle de ce chevalier au cœur brisé. Il émeut et fait rire en même temps, fait passer avec simplicité toutes les émotions qui traversent son personnage. Il ajoute une touche sentimentale en même temps qu’humoristique à cette pièce, ce qui donne un supplément d’humanité.

Même si la pièce repose principalement sur le jeu travaillé des acteurs, Rossier joue avec les détails. L’œuvre se joue dans un décor minimaliste, très épuré, la scène est entourée de carreaux de bois qui font penser à des fenêtres. Le metteur en scène s’amuse avec les lumières aussi, qui changent d’intensité en fonction des sentiments que les personnages ressentent. Il fait plus sombre quand le chevalier pense à son amour perdu et plus lumineux quand les domestiques se taquinent. C’est aussi grâce aux détails que l’œuvre est jouée dans des conditions optimales.

D’autre part, La Seconde surprise de l’amour, quoiqu’ayant été écrite il y a trois cent ans, parle d’un thème actuel. Il est question non du premier amour mais du deuxième. Marivaux aborde ici un de ses sujets préférés sur lequel il aura écrit à maintes reprises comme dans Le Jeu de l’amour, La Double inconstance, ou encore Les Fausses confidences. Cependant, il en parle comme personne auparavant et en résume lui-même le principe: « J’ai guetté dans le cœur humain toutes les niches différentes où peut se cacher l’amour lorsqu’il craint de se montrer et chacune de mes comédies a pour objet de le faire sortir d’une de ses niches ». Ici la « niche » parle de la renaissance de l’amour. Peut-on aimer une seconde fois aussi fort que la première ? La pièce évoque le sujet de façon originale et invite le spectateur à y réfléchir.

Donner de la modernité à une œuvre de Marivaux était un défi ambitieux que Valentin Rossier a su relever avec une équipe d’acteurs talentueux. Tout en respectant la pièce, ces interprétations actuelles sonnent justes et touchent au but. La Seconde surprise de l’amour continuera donc de faire méditer et sourire le spectateur rentré chez lui. Car, après tout, l’homme n’a-t-il pas été créé pour aimer ?

Géraldine Staumont, 6G

samedi 24 octobre 2015

Une belle leçon d'humanité

« Human » est un documentaire du célèbre photographe français Yann Arthus-Bertrand, grand défenseur de la planète. Il a été diffusé sur France 2 le mardi 29 septembre dernier à 20h50. Ce film a demandé trois de production, deux mille heures de prises de vues et il a été tourné dans septante-cinq pays. Mais quelle a été la démarche et l’objectif  visés du réalisateur ? Autant de questions devant la beauté de ce reportage.

Arthus-Bertrand est parti aux quatre coins de la planète à la rencontre de l’homme. Il dresse un portrait de l’humanité en mêlant des témoignages d’hommes et de femmes venus de tous les horizons à des prises de vues aériennes accompagnées de musique. Des USA à la France en passant par la Syrie, l’Irak, le Sénégal et la Chine, chaque récit met en lumière un être humain dans ce qu’il a de plus beau mais aussi de plus sombre.

Le cinéaste met en avant les conflits les plus violents qui déchirent les hommes jusqu’aux sentiments les plus nobles dont l’homme est capable ainsi que la différence des modes de vie. Cela  à travers des sujets universels comme l’amour, la famille, la paix mais aussi la violence, la guerre, la mort, l’homophobie, l’exil ou la pauvreté.

La force du reportage se trouve dans le fait que les témoignages sont filmés uniquement à travers les visages, en gros plan, des différents protagonistes sur un fond noir ; ce qui permet de bien cerner l’expression et les émotions de chacun. De plus, l’auteur transmet les paroles brutes de chaque personne sans commentaire ni traduction.

Au-delà  du jeu d’images et de mots  de ce documentaire, quel message Yann Artus-Bertrand veut-il transmettre ? Nous vivons dans un monde matérialiste où nous ne faisons que consommer. A travers ces témoignages, le réalisateur nous transmet l’idée que l’humain est plus important. Il nous permet de réfléchir sur la notion de bonheur, de paix ou d’injustice et sur le fait qu’il est essentiel d’apprendre à vivre ensemble, de partager.

« Human » est donc bien plus qu’une prouesse esthétique, c’est un film bouleversant qui  transporte dans un torrent d’émotions. Il ne peut laisser personne indifférent jusqu’à  faire réfléchir au sens même de notre existence. Quelles sont les vraies valeurs ? Comment construire un monde meilleur ?

Samuel Mary, 6G

L'exposition universelle de Milan

Samedi 26 septembre, 7h29, sous un beau soleil d’arrière saison, Milan se lève, mais pas que... L’expo se lève ! En effet, depuis le 1er mai dernier et jusqu’au 31 octobre 2015 se tient l’exposition universelle. Sous quelle forme est-elle présentée ? Quels sont les objectifs poursuivis par cette exposition, et par les pays participants ? Voilà des questions qui restent, pour beaucoup, sans réponses.

Les expos universelles, qui se déroulent généralement tous les cinq ans (sauf exception), permettent aux pays ou à tout autre participant tels que des organismes ou des entreprises (exemple : la Croix Rouge, Coca-Cola...) de s’exposer sur un thème, qui, lui aussi, varie à chaque édition. Celui de cette année, « Nourrir la planète, énergie pour la vie », est plus ou moins respecté, même, si dans certains pavillons, il faut bien l’avouer, il est difficile de faire le rapprochement entre la thématique et ce que nous observons. Généralement, les pays proposent leurs idées quant à la nourriture que nous serons amenés à manger dans les années à venir. Certains avancent même la possibilité de bientôt se nourrir d’insectes...

Le gigantesque et magnifique site de l’exposition, RHO Fiera, est assez facile d’accès. Que ce soit en métro ou en voiture, nous ne perdons pas trop de temps pour nous y rendre. Cela peut être déterminant dans le timing d’une longue et éprouvante journée de visite d’un site de plus d’un kilomètre et demi de long. Qui aimerait commencer une si belle excursion par une heure de métro ou bien même, encore, par trente minutes de bouchons ?

Magnifique site ? Oui, effectivement, souvent composés de bois et parfois d’osier (partiellement, comme le Qatar), les pavillons rivalisent de techniques architecturales inventives pour donner un résultat époustouflant. De l’extérieur, le plus beau bâtiment est certainement celui du Qatar. En effet, le panier en osier qui surplombe le bâtiment représentant le marché traditionnel (le souk) ajoute indéniablement un petit plus à ce pavillon difficilement visitable à cause de sa file d’attende de près d’une heure.

Si certains pays comme l’Israël, l’Espagne et le Chili ou encore nos voisins français suivent la thématique en exposant des bouteilles de vin, du pain ou même du fromage, d’autres s’en moquent ouvertement, préférant vendre les atouts de leurs pays. Nous pourrions alors citer en exemple la Slovénie ou le Soudan pour lesquels l’exposition est une formidable occasion de se mettre en évidence d’un point de vue touristique.

Le site étant fort fréquenté, les pavillons les plus populaires comme ceux du Kazakhstan, des Emirats Arabes Unis ou de la Russie affichent, aux heures de pointe, plusieurs dizaines de minutes d’attente ! La palme d’or en matière de popularité est actuellement attribuée à l’exposition du Japon, puisqu’il faut, pendant quelques cent-vingt minutes, s’armer de patience avant de pouvoir entrer dans « le restaurant du futur ». Donc, la meilleure tactique est très certainement celle de commencer la journée par les pavillons les moins populaires pour ensuite la terminer par les plus convoités : ils en valent tout de même la peine !

Cette exposition est une franche réussite. Effectivement, se promener dans ces innombrables allées, et partir à la découverte d’autant de pays en si peu de temps, a le pouvoir de nous éveiller quant à la précarité dans laquelle certaines régions du globe vivent et, surtout, quant aux objectifs que nous devons nous fixer à partir d’aujourd’hui afin de régler certains gros problèmes. Ainsi, la Suisse organise son pavillon autour de quatre aliments essentiels ou moins essentiels à la vie : le sel, la pomme, le café et l’eau. Le principe est le suivant : ces quatre éléments sont répartis, et rangés dans des caisses superposées. Au 1er mai, la hauteur de ces quatre superpositions était égale. Durant toute la durée de l’expo, chaque visiteur emporte la quantité qu’il souhaite de ces aliments. La quantité de départ était calculée pour que le dernier visiteur du 31 octobre puisse emporter au moins le minimum des quatre ingrédients. Les prévisions de cette fin de mois de septembre quant au résultat final sont sans appel : nous consommons trop d’eau !

Bref, les expositions universelles sont uniques en leur genre. Il est impossible d’en ressortir mécontent ou même perplexe quant à leurs utilités. Celles-ci nous éveillent, nous cultivent, nous divertissent même. En effet, quoi de mieux qu’un spectacle sons et lumières pour conclure une journée aussi riche en apprentissage ? Alors, pour plus de cultures générales et de connaissances, rendez-vous en 2017 à Astana...

Adrien Blouard, 6G