lundi 13 février 2017

Femmes artistes

« A côté de sérieuses qualités, il manque à l’artiste... de n’être pas homme. »
(Anna Boch)

Une petite phrase qui en dit long ! Au dix-neuvième siècle, la condition de la femme dans le domaine de l’art était loin d’être idéale. Figurez-vous que nous avons eu l’occasion de nous en rendre compte, ce mardi 3 janvier, grâce à une exposition exclusivement consacrée aux femmes artistes qui se déroule actuellement au musée Félicien Rops de Namur.


Munis d’un audioguide, nous nous sommes laissés porter, au son des explications, à travers les différentes salles dédiées à l’exposition. D’emblée, nous sommes  plongés au cœur du contexte du dix-neuvième siècle, puisque la première salle est dédiée à la condition de la femme et à son éducation artistique. Considérées avant tout comme des épouses, des mères et des maîtresses de maison, les femmes n’avaient pas accès à la formation artistique et étaient exclues des Académies des Beaux-Arts jusqu’en 1889. L’art devait rester un passe-temps et non une profession et rares sont les femmes qui en ont fait leur profession.

Nous découvrons ensuite la seconde salle qui, elle, est dédiée aux collaborations artistiques au sein des couples d’artistes et à l’émancipation progressive de la femme. Certains couples ont procédé à une convergence de leur savoir-faire pour créer des œuvres. Au dix-neuvième siècle, le réalisme influence de nombreux artistes. De nombreuses femmes artistes représentent des scènes décrivant la condition des femmes ouvrières. Cécile Douard est l’une des rares femmes à avoir accédé à l’Académie ; elle est une femme artiste des plus singulières tout simplement parce qu’en plus de représenter la condition des femmes ouvrières, elle se rendait sur les lieux de charbonnage afin de réaliser ses œuvres. Observer la réalité de terrain n’était pas chose facile à l’époque, puisque les femmes avaient une liberté de mouvement restreinte. L’émancipation de la femme était également mise en avant ainsi que l’inégalité à laquelle elle était confrontée. L’art était par essence masculin. D’ailleurs, les hommes s’appropriaient la peinture d’histoire et les portraits tandis que les femmes « étaient réduites » à peindre des fleurs et la nature morte. En réalisant des œuvres d’art, la femme allait à l’encontre de sa mission première qui était de donner la vie, ce qui lui donnait une mauvaise réputation.

Les deux dernières salles quant à elles mettent plus l’accent sur le milieu familial et la peinture des paysages. Le milieu familial jouait un rôle très important. Si le mari ou le père de la femme étaient bien introduits dans les milieux sociaux, la femme artiste élargissait son cercle. Par exemple, Claire Dubuc, fille de Félicien Rops, a accédé d’emblée à une formation artistique. Elle était fille d’artiste et femme d’artiste à la fois. Cela montre à quel point les liens de filiation sont importants pour les femmes artistes.

Grâce à la reconnaissance, les femmes artistes accédaient à un réseau de formation ainsi qu’à un réseau de relations. De plus, le paysage était un genre primé dans les salons et dans les expositions et les femmes artistes s’attelaient à peindre des paysages pour favoriser leurs chances mais, malheureusement, en plus d’avoir une liberté de mouvement restreinte, elles ne possédaient pas leur propre argent et étaient toujours accompagnées d’un chaperon. Par conséquent, elles étaient obligées de trouver différentes parades pour pouvoir pratiquer la peinture en plein air.





Cette exposition, ouverte à tous, est à la fois surprenante et très enrichissante. Elle nous plonge littéralement au cœur du dix-neuvième siècle et nous fait découvrir de très belles œuvres qui prennent une toute autre dimension, notamment de par les difficultés rencontrées pour les réaliser et les difficultés auxquelles les femmes artistes ont été confrontées pour s’imposer dans ce milieu. Le musée Félicien Rops, grâce à cette exposition, rend à ces femmes artistes l’hommage qu’elles méritent.

Laura Tinck, 6G

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire