vendredi 18 novembre 2016

Qui es-tu Alaska?

“Lorsque les adultes disent avec un sourire imbécile et sournois : “Les adolescents se croient invincibles”, ils ne se doutent pas à quel point point ils ont raison. Inutile de perdre espoir car nous ne pouvons être brisés irrémédiablement. Nous pensons être invincibles parce que nous le sommes. Nous ne pouvons pas être nés ni mourir. Comme les énergies, nous changeons seulement de forme, de taille et de manière de nous manifester. Les adultes l’oublient en vieillissant. Ils sont gagnés par la peur de perdre et de décevoir.” En seulement quelques mots, John Green a ce don de nous faire ressentir ce qu’il écrit. Dans son ouvrage Qui es-tu Alaska ?, il arrive à rentrer complétement dans la peau d’un adolescent et à exposer ses pensées comme s’il en était lui-même un. L’adolescence, nous sommes tous passés par là, par cette période où nous nous sentions invincibles, mal dans notre peau, mal intégrés dans notre société, exposés à la cruauté du monde et à la réalité qui contrastaient si fort avec nos envies de liberté et nos rêves illusoires. Revenons-en aux bases, que nous apporte donc la lecture au sens large du terme ? Qu’en est-il exactement de cet ouvrage ? Pourquoi donc lire ce livre plutôt qu’un autre ? 


Tout d’abord, lire est un divertissement. Il permet à quiconque de s’évader sans grand effort, de s’émanciper personnellement, de faire aller son imagination. Par la lecture, nous faisons fonctionner notre esprit critique et nous sommes, par ce fait, acteurs du contenu que nous découvrons. Chaque livre a, bien entendu, un thème et se concentre sur un ou plusieurs éléments qui rythment notre société au quotidien. Lire renforce nos capacités à communiquer et à intéragir avec le monde, compétences utiles pour participer activement à la vie politique, culturelle ou encore économique. Le défi de John Green en écrivant Qui es-tu Alaska ? était de faire comprendre qu’un roman est là pour révéler la vérité, sans se préoccuper des faits. Défi réussi ?

Green fait vivre dans ses lignes Miles Halter, adolescent de seize ans qui n’a pas l’impression d’avoir vécu. Miles n’est pas forcément beau garçon et n’a pas beaucoup d’amis, pour ne pas dire qu’il n’en a aucun. Epris d’un désir soudain de changement, il quitte le cocon familial pour le campus universitaire. Il n’a qu’une idée en tête : partir en quête d’un Grand Peut-Etre comme l’a énoncé François Rabelais sur son lit de mort. Sauf que lui ne veut pas attendre d’être mort, il est assoiffé d’expériences et se lance dans cette nouvelle aventure qui promet d’être riche en émotions. Il fait la connaissance d’Alaska, une fille mystérieuse, tantôt pétillante et pleine d’entrain, tantôt dépressive et pessimiste. Il va tomber amoureux de ses formes et de son caractère lunatique presque au premier regard. Au fur et à mesure des pages, il va rencontrer plusieurs personnes avec lesquelles il lie une amitié spéciale mais profonde. Ensemble, ils vont briser les interdits, tester leurs limites, apprendre à vivre. Et il seront malheureusement rattrappés par une réalité qui les dépasse.

Il est vrai : braver des interdits est une chose que tout humain sur terre a un jour exercée. Mais toute action a une conséquence. Le roman est séparé en deux parties. L’avant et l’après fatalité. La lecture est très fluide et le contenu se lit sans grande difficulté. On s’identifie très facilement aux personnages; Miles est le parfait adolescent qui se laisse entrainer par les autres, envieux de changements; Alaska, la fille qui se pose des questions sur tout, qui renvoie une image extravertie mais qui en réalité cache de lourds secrets; l’Aigle, proviseur représentant l’autorité, ou encore le professeur Hyde, vieil homme représentant, lui, le questionnement de soi. 

John Green n’hésite pas à pousser les personnages à l’extrême, à les mener dans des carrefours déterminants dangereux, mélangeant drogues douces, sexe et scolarité subtilement. En questionnant ses personnages, il nous questionne indirectement. Il nous plonge dans la dure réalité en faisant ressortir les thèmes de la mort, de l’amour, de l’amitié, de l’adolescence et du pardon.L’auteur nous démontre que, quelques fois, il faut se perdre pour se retrouver car, en effet, “Passé un certain stade, nous levons tous les yeux pour constater que nous sommes perdus dans un labyrinthe.”

Laure Rulmont, 6G

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